Donc voici un poème d'Apollinaire, le pont Mirabeau que j'ai beaucoup aimé étudier. Donc c'est assez long, mais je pense que ça vaut le coup.
Le Pont MirabeauSous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Et je me fais mon pitit plaisir perso: Etudiez le registre lyrique dans ce texte.
Tout d'abord, rapelons que les grands thèmes du lyrisme sont l'évocation des sentiments, le thème du souvenir et de la nature, la fuite du temps et de l'amour... Dans ce poème élégiaque de Guillaume Apollinaire, qui fait référence à l'amour qu'il a vécu avec le peintre Marie Laurencin, nous verrons que le thème de la fuite de l'amour et du temps est présent et que la souffrance du poète est évoquée.
Tout d'abord, nous constatons que la fuite de l'amour est associée à celle de l'eau.
En effet, au premier vers "Sous le pont Mirabeau coule la Seine" l'élément statique (pont) est rejetté en début de vers et l'élément dynamique (eau) en fin de vers, ce qui suggère une certaine fluidité. De plus, l'amour et l'eau semblent s'enfuir ensemble "Sous le pont Mirabeau coule la Seine
et nos amours" (ce qui n'est pas vrai> verbe coule au singulier) Cette impression est renforcée à la 2ème strophe, où l'amour est passé sous le pont que le peintre et Apollinaire ont constitué avec leur bras, comme la seine est passée sous le pont mirabeau.
Puis leur fuite est explicite au vers "L'amour s'en va comme cette eau courante", fuite qui s'accélère grâce à l'adjectif "courante". de plus, la répétition de "l'amour s'en va" suggère l'impossibilité de retenir l'amour.
Ensuite, nous remarquons que la fuite du temps est elle aussi présente, fuite amorcée au vers "Les jours s'en vont je demeure". Puis, cette fuite ce remarque à la 2ème strophe, où tous les éléments sont inversés ce qui semble suggérer une certaine volonté de remonter le temps. Cette fuite s'accélère au vers "Passent les jours et passent les semaines".
Puis, le lyrisme apparaît aussi avec l'évocation de la souffrance du poète.
Le poète met une distance entre ses souvenirs et l'amour, suggéré par la césure du vers "Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne". En effet, il redoute ses souvenirs (faut-il que..) qui le font souffrir.
Le temps du vers "La joie venait toujours après la peine." semble montrer un certain pessismisme: le poète ne croit plus au bonheur.
Puis le vers "Les jours s'en vont je demeure" exprime un souhait de voir le temps passé, pour qu'il efface les blessures du poète. mais la seconde partie du vers révèle un constat douloureux: le temps passe mais le poète souffre toujours.
De plus, "L'amour s'en va Comme la vie est lente" suggère un décalage douloureux entre une fuite rapide de l'amour et celle d'un temps intérieur qui ne passe pas.
Enfin, l'allégorie de l'espérance (Et comme l'Espérance est violente) suggère un espoir inutile.
Pour conclure, nous pouvons donc dire que guillaume Apollinaire fait appel au lyrisme dans ce poème pour évoquer la souffrance de son amour perdu.
voilou